: FO CASVP: EHPAD SOUS LES FEUX DE LA RAMPRE

vendredi 3 avril 2009

EHPAD SOUS LES FEUX DE LA RAMPRE


On se souvient de tout l’émoi suscité par l’émission d’Antenne 2 «Les Infiltrés» sur une maison de retraite dont on ignorait le nom , mais qui dès le lendemain se retrouvait sous les feux de la rampe.

On se souvient aussi du déchainement de colère de la Secrétaire d’Etat, Mme LETARD, qui au fur et à mesure du débat avait été calmée par les intervenants, - notamment FO - qui lui décrivirent les réalités du terrain.
La Tribune FO Santé , après ces quelques mois, a voulu savoir ce qu’était devenu cet établissement.


Un sentiment de frustration

Premièrement, nous avons pu constater combien le personnel a été marqué par cet épisode et combien il s’est senti « violé » par l’infiltrée . En effet, le personnel et la direction avait tout fait pour bien accueillir cette stagiaire, au point même de lui faciliter les parcours. Le personnel, comme à son habitude, avait « chouchouté » cette jeune qui préparait le BEP sanitaire et social. Personne ne pouvait se douter que derrière elle se cachait une traître comme on a rarement l’occasion d’en rencontrer…
Il est vrai que le métier de journaliste impose quelquefois ce genre de gymnastique, mais pour ceux qui sont abusés, c’est terrible.
Si on peut admettre la procédure de la caméra cachée, on ne peut admettre les oublis du reportage.
En effet, l’établissement filmé vivait ses derniers instants puisqu’un établissement ultra moderne était en train d’être terminé. L’établissement qui va remplacer celui de Saint-Jean-des-2-jumeaux est celui de la commune de LA JOUARRE, située à quelques kilomètres de là. C’est donc bien avant l’émission que ce projet de 32 millions d’€ avait commencé à voir le jour, financé à 50% par la Région, le Département (77) et la Caisse Nationale de Solidarité Active (CNSA).
Ce déménagement n’explique pas tout sur ce que l’on a vu dans le reportage, mais le fait de ne pas le mentionner est malhonnête.
“Anonymisé”, ce qui ne pouvait pas non plus être évoqué, c’est que cette unité n’est pas autonome mais fait partie intégrante du Centre Hospitalier Intercommunal de COULOMMIERS, qui comprend 3 sites et 6 bâtiments répartis sur un rayon de 10 kilomètres.

L’analyse des causes

Pourtant, les objectifs de la presse rejoigne les nôtres. A n’en pas douter, l’équipe de reporteurs a voulu illustrer les manques et les insuffisances dont souffre le secteur médico-social en France. Ce constat, FO le partage depuis des années. Il n’y a pas un jour où nous n’avons des remontés d’établissements où la situation est semblable à celle décrite dans l’émission…
Ce qui manque dans le reportage, c’est l’analyse des causes.
De notre rencontre avec l’équipe de direction, il apparait à l’évidence que des difficultés énormes existaient pour le recrutement de professionnels (IDE notamment). Afin d’y pallier, l’établissement a dû faire appel à des IDE venant de DIJON ainsi qu’à des infirmières venues du Portugal.
Mais les règles budgétaires ne permettent aucune souplesse, produisant souvent une image péjorativement déformée des difficultés budgétaires : en effet, analysée globalement (comme le fait notre ministère), la situation peut être considérée avantageuse quand l’étanchéité entre les différents financements n’aide en rien à la résolution des problèmes budgétaires. A cause des crédits fléchés, ce
qui peut être excédentaire dans une section, ne peut pas être utilisée pour un déficit dans une autre section.

L’ironie de la situation

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les services de l’Etat ont été fortement impliqués. Au premier rang la Justice, qui s’est auto-saisie et qui mène actuellement une enquête … Mais aussi les services de la DDASS, du Conseil Général, jusqu’à la DDTEFP (Direction Départementale du Travail de l’Emploi et de la Formation Professionnelle)… Cela nous emmène à poser la question suivante :
« Le Gouvernement envisage t-il une telle implication dans tous les établissements, avec un engagement aussi important de tous ses services ? »

Aujourd’hui, le soutien...

D’ores et déjà, ce que l’on peut constater, c’est la solidarité qui s’est manifesté suite à ce reportage et ses conséquences. Une solidarité sans faille entre l’ensemble du personnel, du directeur au simple agent.
Mais au-delà les murs de St-Jean-les- 2-Jumeaux, de nombreux professionnels - et notamment des personnels de direction - ont voulu apporter leur soutien, parce que dans de nombreux établissements la situation décrite dans l’émission télévisée est identique.
Comment résoudre le problème du recrutement des infirmières et des aides soignantes et comment inventer des crédits supplémentaires pour recruter les professionnels manquant ?
Comment pourvoir les 4 postes de cadre soignant sur 5, quand il n’y a pas de candidats ?
Comment attirer des professionnels, sans les moyens nécessaires ?
La direction a bien essayé de proposer des recrutements d’IDE au 6ème échelon, mais cela ne fonctionne qu’un temps…La ruralité, même si PARIS est à 60 kilomètres, n’arrange rien.

...et l’amélioration.

La situation semble s’améliorer avec l’ouverture de ce nouveau bâtiment prévue le 1er mars et donc la fermeture du bâtiment où a eu lieu le reportage. De plus, les moyens semblent avoir été augmentés, permettant de recycler de vieux bâtiments en studios pour loger les professionnels de santé.
Un espace d’habitation sera réservé aux familles de résident qui veulent passer un Week-end, avec leurs parents. Le projet d’établissement intègre la dimension sociale, en favorisant le financement des promotions professionnelles, l’ANFH étant partie prenante.
Le matériel et l’équipement des nouveaux locaux est très performant : lits inclinables latéralement, rails au plafond pour manipuler les pensionnaires, locaux très spacieux et agréables… La création de postes de « maîtresses de maison » auxquels est très attachée Mme Marie José THOURET qui assure les fonctions de directrice par intérim,
aidée en cela par M. TOURMENTE, Directeur à TOURNAN en Brie, est assurée.
Le Directeur du CHI, M.Raoul PASSY, s’est très impliqué dans la résolution des problèmes survenus suite à ce reportage et reste très présent pour réussir cette ouverture tant attendue. Ce sera aux personnels, aux pensionnaires et aux familles de dire si toute cette affaire a apporté les solutions attendues…
Le syndicat FO de COULOMMIERS, partie prenante dans ce processus de mutation, nous précisait 30 janvier 2009 par la voix de Martine RIVIERE, Secrétaire Générale:
- qu’un directeur a été nouvellement nommé à la Maison de retraite et que la gestion du Centre Hospitalier de COULOMMIERS
- et de JOUARRE–St-Jean-Les-Deux- Jumeaux est confiée à une équipe de direction commune, sous la responsabilité d’un directeur unique. La Maison de Retraite de REBAIS est à ce jour exclue de la convention.
- Chaque établissement conserve sa personne morale, son autonomie financière et ses organes consultatifs et délibératifs propres.
La mise en oeuvre d’une complémentarité des missions, de la convergence des stratégies et du développement des synergies se fait par l’élaboration d’un projet médical commun de territoire en vue de créer une filière de soins gériatrique complète avec :
– un plateau technique performant (urgences, labo, imagerie, surveillance continue)
– des unités d’hospitalisation complète et ambulatoire en médecine gériatrique des unités d’hospitalisation de soins de suite et réadaptation gériatriques
– des unités de soins de longue durée des unités de prise en charge pour personnes âgées dépendantes.