: FO CASVP: L’AUTO-ENTREPRENEUR OU L’AUTO-EXPLOITEUR ?

mercredi 29 avril 2009

L’AUTO-ENTREPRENEUR OU L’AUTO-EXPLOITEUR ?


La loi de modernisation de l’économie d’août 2008 instaure le statut d’auto-entrepreneur en vigueur depuis le 1er janvier 2009. Ce statut s’adresse aux personnes qui ne veulent pas nécessairement créer une société commerciale pour exercer leur activité en leur permettant de facturer directement, avec un plafond du «chiffre d’affaires», des prestations à un client.


Au premier trimestre 2009 quelque 135 000 personnes se sont inscrites à ce régime. Rien que pour cette année, on en prévoit 300.000. Cependant, la facilité des démarches administratives cache certains aspects très défavorables de ce statut, notamment en matière de protection sociale et de conditions de travail. Il faut savoir que la validation d’un trimestre de retraite dépend du chiffre d’affaires réalisé. En clair, plus tu travailles, plus tu obtiens de garanties. C’est là que le slogan «travailler plus pour gagner plus» prend toute sa dimension.


FO a toujours dénoncé cette propagande comme étant une hérésie, sachant que le salarié ne choisit pas son temps de travail. S’agissant de l’auto-entrepreneur, il en est tout autrement. Observant le succès de ce dispositif, on constate que l’exhortation gouvernementale favorise le choix pour cette nouvelle forme d’exploitation qui oblige à travailler sans durée légale, sans protection sociale solide et sans conditions de travail favorables. En cette période de difficultés économiques, les salariés victimes de la crise cherchent par tous les moyens à se sortir d’une situation précaire dans laquelle le système capitaliste les a conduits. Mais attention aux solutions qui les entraîneraient vers un monde plus libéral et plus destructeur. En marge de cette actualité, nous apprenons la disparition, sous sa forme actuelle, de la coopérative ouvrière du Courrier Picard. Qualifiée par la presse «d’utopie directement issue des idéaux de la Libération»*. Cette forme de société commerciale permet à des salariés de posséder leur propre entreprise, évitant ainsi la mainmise capitalistique d’actionnaires majoritaires. Les sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP) sont sous administration ouvrière selon le principe «une personne = une voix», quel que soit le montant du capital détenu. Il existe environ deux mille SCOP qui emploient quarante mille salariés qui, pour la plupart d’entre eux, ont sauvé leur entreprise. Cette actualité démontre-t-elle la faveur grandissante de l’individualisme sur le collectif? Le vent de l’Histoire ne confirme pas les orientations prises par nos camarades dans la charte d’Amiens lorsqu’ils évoquaient «la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat». Ils ne l’entendaient certainement pas sous cette forme...