Mardi, ils ont quitté séance tenante une rencontre avec le ministre de la Fonction publique, tant celui-ci est resté sourd à leurs revendications sur la hausse des salaires et le gel des milliers de suppressions de postes.
Rien sur l’emploi, rien sur les salaires…les discussions à Bercy ne pouvaient que tourner court entre le gouvernement et les syndicats de fonctionnaires. Le ministre de la Fonction publique, Eric Woerth, «nous a opposé une fin de non recevoir sur toutes nos revendications. On attendait un gel des milliers de suppressions d'emploi, une augmentation sérieuse du pouvoir d'achat pour tous et un arrêt des réformes et on n'a rien», a expliqué Anne Baltazar, la secrétaire générale de la fédération des fonctionnaires (FGF-FO), après avoir calqué mardi la porte de la réunion multilatérale avec les sept autres organisations syndicales. Tout au long de cette rencontre qui a duré deux heures au lieu des quatre prévues, M. Woerth leur a martelé en effet que le gouvernement ne reviendrait pas sur les 30.000 suppressions d’emplois engagées en 2009. Lesquels correspondent aux «non-remplacements de la moitié des départs à la retraite» qui ne sont que «la conséquence d'une modernisation de l'ensemble de l'administration qu'il est impératif de continuer», leur a-t-il encore asséné. Car ce serait, selon lui, «une mauvaise réponse à la crise» s’il devait accéder à la demande d’un «moratoire» portée par tous les syndicats. «Une bonne réponse à la crise, c’est surseoir à la suppression de 100 postes par jour au moment où le chômage explose dans le pays», a répliqué alors FO. Le décalage est tout aussi béant sur les salaires. Alors que les syndicats réclament une revalorisation «immédiate et importante» du point d'indice, base de calcul des salaires des fonctionnaires, le gouvernement, lui, a refusé d’aller au-delà de la hausse de 0,8% – +0,5% en juillet et +0,3% en octobre – qu’il a décidée l'été dernier, arguant que le recul de l'inflation de 0,4% en 2009 ferait mécaniquement progresser le pouvoir d'achat. De quoi faire sortir de leurs gonds les fédérations de fonctionnaires. «En niveau, cela signifie certes une augmentation de 0,8%», a expliqué Anne Baltazar, mais «ramenée en masse, soit divisée par le nombre de mois concernée, cette hausse équivaut à 0,33% mensuel, et non 0,64 comme l’a encore soutenu le ministre». «C'est faire l'impasse du passif accumulé depuis janvier 2000», a déploré Gérard Aschieri (FSU), avançant que les agents publics ont perdu 9 points de pouvoir d'achat depuis 2000. Face à cet argument, M. Woerth a remis sur la table son l’idée d'un «intéressement collectif» pour les services «méritants» qui viendrait s'ajouter à une prime individuelle. Une extension de la «rémunération au mérite», inacceptable pour les syndicats, dans la mesure où elle serait plus que jamais gagées sur les économies réalisées par les suppressions de postes. Les organisations de fonctionnaires ont redit également tout le mal qu’elles pensaient du projet de loi sur la mobilité professionnelle que le gouvernement entend toujours faire examiner au printemps. Ce projet prétend faciliter le passage des agents d'une administration à une autre ou du public vers le privé alors même qu’il prévoit une mise en disponibilité d’office de tout agent refusant deux propositions de poste successives. «Un vaste plan social», a dénoncé Anne Baltazar (FO). A l’issue de cette réunion «pour rien», les syndicats ont aussitôt appelé les fonctionnaires à manifester «massivement» lors de la journée nationale de grève et manifestations du 19 mars, qui reste le seul moyen de «forcer la main» du gouvernement.